samedi 22 décembre 2012

Décompressons

J'ai envie de parler ici de pression, pour en venir à la "décompression".

On entend régulièrement parler de la pression de la société sur les enfants. Comment les attentes sont très élevées. Ils doivent être des "petits adultes" sages, trop rapidement. Ils passent plus d'heures en garderie que les parents au travail!!!

Ils ne doivent pas trop déranger.

On entend aussi parler de la pression. Allaitement, performance, éducation, alimentation.

Bon,  très personnellement, moi, je ne m'en fais pas trop avec tout ça. J'ai toujours dit que je faisais de mon mieux, mais surtout à ma tête, selon mes valeurs.

Par contre, j'ai envie de parler de la pression concernant les enfants différents, parce que celle-là je la trouve beaucoup plus réelle que le débat "biberon/allaitement".  Sérieusement qu'on me dise comment nourrir mon enfant? Personne n'arrivera à me faire sentir le moindrement coupable!


Mais... la pression des enfants différents, celle que j'ai légèrement abordée, sûrement plus d'une fois. Celles où nos enfants différents devraient être le plus "normal" possible qui est alors preuve de notre "succès" en tant que parent!

Outch! Dit comme ça, je me trouve un peu raide.

Et pourtant! Si les gens disent que le jugement existe (ça je me souviens avoir déjà abordé le sujet!) entre les parents d'enfants "typiques", il existe tout autant entre les parents d'enfants différents. Peut-être même plus par moment.

TDAH - médication pas médication.  Le parent qui médicamente peut trouver inconcevable qu'on laisse l'enfant à lui-même sans l'aider. Le parent qui refuse de médicamenter peut juger ceux qui médicamentent à l'année. La PRESSION. L'école, l'enfant dérange... médicament svp!

C'est un exemple facile mais représentatif. J'ai déjà dit qu'on en demandait énormément à nos petits coeurs différents. Et... les parents absorbent par le fait même toute cette pression! Est-ce que j'ai fait le bon choix? Est-ce que ce serait différent SI.

Et c'est beaucoup plus dure à prendre parce que c'est le développement, l'autonomie et le futur de nos enfants différents qui est en jeu.

Un autre exemple. La fameuse diète.  Le parent qui le fait et trouve que ça apporte un changement, peut ne pas comprendre pourquoi les autres parents ne le font pas? Voyons, c'est impensable que les parents n'essaient pas quelque chose qui pourrait possiblement aider grandement leur enfant.

On s'entend, on est pas mal plus loin que le débat sur à quel âge enlever la suce!


Les parents, ont passé, du jour au lendemain, de parents d'enfants "typiques" à parents d'enfants différents. Les "casse-tête" de l'époque ont pas mal pris le bord pour faire place au vrai "cassage de tête".

Brossage, diète sensorielle, diète alimentaire, orthophonie, ergothérapie, combien d'heures, quand, comment, pourquoi...

Une journée, tout était "normal", le lendemain, on se fait pitcher dans un tout nouvel univers.

"La voisine elle son garçon depuis qu'il fait la diète il a tellllllllllement progressé. Pourquoi tu l'essais pas."

"Savais-tu que telle amie fait affaire avec une orthophoniste xyz et elle a fait des MIRACLES avec son garçon. Lâche-lui un coup de fil."

"Moi, l'ergothérapie a vraiment "sauvé" mon fils."

"40 heures de ABA(ICI) MINIMUM, engage-toi une éducatrice au privé pour combler les heures manquantes!"


Non, mais, pouvons nous souffler un peu? Juste... reprendre nos esprits quelques minutes, semaines même au besoin sans sentir la pression du "c'est la fin du monde et je gâche le futur de mon enfant si je n'interviens pas de toutes les façons imaginables TOUT DE SUITE".

Désolé, mais du jour au lendemain nous ne sommes pas devenus des "superparents avec de superpouvoir". Il y a bien des réalités derrière tous les commentaires et les "tu dois TOUT faire pour ton enfant".

D'ailleurs, j'ai lu un livre, quelque temps après le diagnostic de mes enfants. Donc, j'avais déjà (heureusement) passé l'étape de me questionner et sentir autant de pression. Et ce livre, je n'avais pas apprécié ce "feeling" qu'une amie avec un enfant TED m'a aussi confié avoir eu, de "il faut faire des thérapies xyz pour sauver notre enfant".

Si je crois que toutes les méthodes imaginables existants pour aider les enfants différents peuvent être bénéfiques à quelques points. Je crois qu'il est faux de croire que c'est SI simple que ça.

Il y a des questions monétaires, des questions de valeurs, des parents débordés, des parents épuisés, des parents qui avant de pouvoir "soigner" et s'occuper adéquatement leur enfant doivent avant tout se soigner eux-mêmes, des situations de couples difficiles, des parents en dénis...

Je comprends, derrière les témoignages, la bonne intention. L'intention de motiver les parents à en faire plus. MOI ça a marché! Faites pareil comme moi sinon vous ne saurez jamais si vous auriez pu faire mieux(plus).

Kin, une bonne claque en pleine figure!

Je l'ai déjà entendu, de vive voix, ce "jugement" que le parent n'en a pas fait assez. Que SI l'enfant n'a pas soudainement grandement débloqué c'est que les parents n'en ont pas fait assez, que les interventions n'étaient pas les bonnes.

Mais qui sont-ils pour juger?

Si on comprend que les enfants "typiques" ne seront pas tous des futurs ingénieurs chez microsoft. Qu'ils n'auront pas tous les mêmes talents à la même place, pourquoi ça semble plus difficile à comprendre chez les enfants différents? Comme si ça marche pour un, alors tous les gens doivent absolument faire la même chose parce que sinon ils n'auront pas fait assez d'efforts.


Est-ce moi? Moi, qui trouve que ces discours peuvent être culpabilisant. Qui pense aux parents qui viennent tout juste d'avoir le diagnostic et atterrissent dans cette jungle avec une multitude de conseils de tous les bords sur "comment "sauver" son enfant?

Oui, j'aime entendre les belles histoires, les diètes qui ont fonctionnées, les thérapies qui ont données de bons résultats.

Mais j'aime la nuance, celle des parents "qui ont tout essayé", et qui pourtant, ne vous diront pas que tout a marché que ça sauvé leur enfant.

La réalité, c'est qu'on ne saura jamais. Qu'on vivra toujours avec un SI au-dessus de nous. SI on avait essayé la diète, SI on avait investi au privé. SI...

Mais bien entendu, certains vous diront que si vous avez tout fait, vous ne vivrez pas avec ce SI.

Alors je me questionne, combien de parents peuvent "réellement" se le permettre.

Parce qu'ici, je l'avoue sans gêne, je n'ai pas "tout fait" pour mes enfants(honte à moi ou simplement réalité!?!?). Je vis avec plusieurs SI.

Mais j'ai aussi l'envers de la médaille. Des enfants totalement différents, avec des atteintes différentes qui me rappellent que toutes les méthodes/interventions ne font pas réellement ce que l'enfant va devenir. Il y a des enfants qui iront plus loin. Point. Parce que le spectre est large et que certains sont moins atteints. J'ai l'envers de la médaille parce que j'ai rencontré des enfants "fonctionnels" pour qui ont a "presque rien fait" comme j'ai rencontré des enfants pas du tout fonctionnels pour qui on a "tout fait" (thérapies, diètes...).  Parce que Tommy a eu des services dès ses 3 ans! L'âge idéal, 12hrs semaine. Que moi j'ai préparer des outils visuels avant que les services commencent, qu'il savait les sons d'animaux, les lettres à 2 ans. Qui à 4 ans avait 20hrs d'intervention et à 4 ans et demi il recevait des services de ICI et 4hrs par mois de Saccade(au privé!) Qui a 5 ans était dans une école spécialisée avec orthophonie, musicothérapie, ergothérapie... et qui pourtant... restera Tommy.  Est-ce que j'aurais pu faire plus?  Sincèrement, la réponse serait peut-être légèrement impolie.

Alors... et si on décompressait un peu et qu'on se rappellait que nous sommes des parents avant tout, et que surtout, on ne fera pas de miracle mais bien de notre mieux dans notre situation à nous.

1 commentaires:

Anonyme

Bonjour,
Je viens de lire votre texte et il me rejoint énormément. Mon fils de 8ans est TDAH, médicamenté, avec anxiété chronique, différents troubles d'apprentissages sévères et est présentement en processus de diagnostic TED. Il est suivi par orthophoniste depuis qu'il a 3 ans, orthopédagogue et psychologue au besoin. Il va à l'école régulière au privé afin d'avoir les services car au public, rien..et les services professionnels au privé ont aussi des listes d'attentes. Oui ces aides lui apporte beaucoup mais régulièrement nous devons nous battre avec les nombreux professionnels pour faire des pauses car mon fils est épuisé, sur-stimulé. Vous parlez de pression? mais voyons parents, si vous arrêtez un moment, il va régresser (ce qui est un peu vrai), il va falloir revenir un peu en arrière lorsqu'on recommencera, il va perdre certains acquis...et bien oui! mais quand on recommence, il est reposé, dynamique et plus alerte et donc, ils retrouvent ses acquis assez rapidement et il peut recommencer à avancer! J'ai appris dans la dernière année à tenir mon bout et suivre mon instinct...même sous la pression mais câline que c'est pas toujours facile..et en bout de ligne, on a raison!!! merci pour ce beau texte.

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